Par Laura Bartlett et Denise Maillet, respectivement coordonnatrices du programme de conservation du Pluvier siffleur en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick, Études d’Oiseaux Canada
Chaque année, des bénévoles et des membres du personnel d’Études d’Oiseaux Canada effectuent des relevés à intervalles réguliers à plus de 50 plages au printemps et en été dans le cadre du Programme de conservation du Pluvier siffleur dans les Maritimes. Nous remercions les dévoués bénévoles et partenaires qui rendent possible cette difficile entreprise. En 2019, ils ont réalisé plus de 600 relevés!
Shayla et Ethan, personnel de terrain, en train d’effectuer un relevé Photo : Laura Bartlett
Nouvelle-Écosse
Le début de la saison de nidification 2019 a été froid et pluvieux. Par rapport à 2018, le nombre de nids et de couples était moindre en début de saison, mais à la fin de l’été, les intrépides pluviers avaient renversé la vapeur!
À 53 plages dans l’ensemble de la province, nos employés et bénévoles ont recensé 40 couples, qui ont réussi à mener 67 oisillons jusqu’au premier envol! Des membres du personnel de Parcs Canada ont surveillé le bord de mer au parc national Kejimkujik et y ont dénombré six autres oisillons, ce qui porte le total à 73 jeunes ayant pris leur envol. Ce total dépasse de 10 celui enregistré par notre équipe et celle de Parcs Canada en Nouvelle-Écosse en 2018.
Toutefois, en tant que tel, le nombre de couples et d’oisillons ne dit pas tout. Le travail de rétablissement – tel qu’énoncé dans le Programme de rétablissement du Pluvier siffleur d’Environnement et Changement climatique Canada – a pour but d’atteindre et de maintenir un taux de productivité (nombre moyen de jeunes à l’envol par couple) d’au moins 1,65. Ce taux est considéré comme le seuil à atteindre pour assurer le rétablissement de cette espèce en voie de disparition. La saison a été très productive dans le nord de la Nouvelle-Écosse, où l’on a enregistré un taux de 2,2 jeunes à l’envol par couple, très supérieur à celui de 1,8 de l’an passé. Dans le sud de la province, on a recensé plus d’oisillons et de couples qu’en 2018, mais le taux de productivité est demeuré constant à 1,3 jeune à l’envol par couple. Le taux de productivité pour l’ensemble de la Nouvelle-Écosse est lui aussi demeuré constant, à 1,5 jeune à l’envol par couple, entre 2018 et 2019. Nous sommes heureuses de voir ces résultats, qui nous font oublier le lent début de la saison.
Nouveau-Brunswick
Cette année, nous avons dénombré 7 couples sur 4 plages dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, un résultat qui correspond à celui de l’an dernier. Cela a été une saison de nidification difficile pour les Pluviers siffleurs dans cette région. Des 8 tentatives de nidification, 6 ont échoué, principalement à cause de hautes marées ou de la prédation. Deux nids ont produit des œufs, mais seulement 3 petits se sont rendus jusqu’à l’envol. Dès lors, le taux de productivité dans le sud-est du Nouveau-Brunswick est de 0,43 jeune à l’envol par couple, un taux bien inférieur à la cible de 1,65 et inférieur à celui de 2018, qui était de 1,71. Cela peut être décourageant, mais il est important de se rappeler que le rétablissement d’une espèce en voie de disparition n’est pas un processus linéaire, il y aura toujours des hauts et des bas. Il faut examiner les tendances sur des périodes plus longues dans un territoire plus vaste. Au cours des prochains mois, nous rencontrerons des représentants d’autres organisations qui assurent le suivi des populations de Pluviers siffleurs dans l’ensemble des provinces de l’Atlantique afin d’évaluer la situation de l’espèce dans toute la région.
Un triangle amoureux
Souvent, chaque pluvier demeure fidèle à la même plage d’une année à l’autre, mais pas toujours fidèle à la même ou au même partenaire. Cette année, nous avons observé un triangle amoureux particulièrement compliqué centré sur une femelle adulte portant la bague 3T. Cette femelle et son partenaire, qui portait la bague N1, étaient un des premiers couples à nicher en Nouvelle-Écosse. Les deux tourtereaux ont donné naissance à 4 oisillons le 4 juin. Ils se sont occupés tous les deux de leurs rejetons jusqu’à ce que la femelle 3T décide d’établir un deuxième nid avec 9L, qui avait déjà échoué dans sa tentative de nidification avec une autre femelle! Bon nombre de pluviers font une seconde tentative de nidification si la première n’a pas réussi; cependant, il est très rare aussi loin dans le nord dans l’aire de répartition de l’espèce qu’un individu adopte ce comportement après que la première nidification a réussi. Les 4 oisillons produits par le premier couple se sont tous rendus à l’envol, mais le deuxième nid n’a pas donné un aussi bon résultat. Néanmoins, cette situation peu commune est un exemple intéressant de l’ampleur des efforts que ces oiseaux déploient pour produire davantage!
Pluvier siffleur Photo : Laura Bartlett
Merci!
Merci encore à tous les bénévoles et sympathisants qui ont aidé les pluviers cette année. Nous adressons également un merci particulier à nos partenaires qui nous ont permis de mener le programme de nouveau : le gouvernement du Canada (Programme d’intendance de l’habitat pour les espèces en péril et Environnement et Changement climatique Canada); le ministère de l’Environnement, le Species at Risk Conservation Fund et le Programme d’emploi pour étudiants de la Nouvelle-Écosse; l’association coopérative Friends of Keji; Service Canada; et des donateurs individuels.