Par Jenna McDermott, coordonnatrice adjointe – Atlas des oiseaux nicheurs de Terre-Neuve, Oiseaux Canada, et Claire Atherton, biologiste de terrain – Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario, Oiseaux Canada
La participation à une campagne d’atlas (l’atlassage) dépasse la simple observation d’oiseaux, c’est une aventure dans certains des endroits les plus sauvages et les plus beaux du Canada. Les atlas des oiseaux nicheurs sont des programmes de science citoyenne à grande échelle, menés sur une période de cinq ans, qui ont pour but de déterminer les effectifs des oiseaux d’un territoire donné et de cartographier les lieux de nidification, contribuant ainsi à orienter les efforts de conservation pour les années à venir. Des bénévoles explorent les forêts, les zones humides, les côtes et les régions reculées à la recherche de signes de la présence d’oiseaux nicheurs et consignent leurs observations.
Pour marquer la dernière année de collecte de données des atlas de l’Ontario et de Terre-Neuve, nous avons identifié dix sites d’intérêt afin non seulement de mettre en valeur la beauté du travail accompli, mais aussi de recruter davantage de bénévoles afin d’atteindre les objectifs de couverture des deux provinces. Nous vous invitons donc à explorer avec nous dix des meilleurs endroits où atlasser en Ontario et à Terre-Neuve.
1. Parc provincial Queen Elizabeth II Wildlands, Ontario
Situé au nord des lacs Kawartha, ce parc non exploité est un excellent endroit pour faire de l’atlassage en milieu sauvage. Comme il couvre 33 505 hectares, il y a beaucoup d’endroits à explorer! Deux points donnent accès au réseau de sentiers de randonnée Ganaraska, parfaits pour une randonnée d’une journée ou une aventure de plusieurs jours. Si vous préférez être sur l’eau, allez au lac Fishog pour une excursion en canot où vous pourrez choisir votre propre aventure! L’Engoulevent bois-pourri et l’Engoulevent d’Amérique sont communs dans cette région. Gardez l’œil et l’oreille ouverts au crépuscule pour déceler leur présence! Et pourquoi ne pas effectuer un inventaire de hiboux et d’engoulevents par la même occasion?

Engoulevent d’Amérique. Photo : Chantale Malo
2. Temagami, Ontario
La région de Temagami est depuis longtemps considérée comme le paradis des canoéistes, avec ses nombreux lacs et rivières à explorer. C’est particulièrement vrai pour les fervents du camping sauvage, avec de nombreuses excursions de 7 à 9 jours! Le camping n’est pas votre truc? Il existe de nombreux points d’accès dans toute la région qui rendent les excursions d’une journée faciles et amusantes. Les vastes forêts boréales de cette région accueillent une variété de parulines, dont les Parulines à gorge noire, du Canada et à poitrine baie.

Paruline à gorge noire. Photo : Robert Mikulec
3. Parc provincial Killarney, Ontario
Cette magnifique région est située au sud-ouest de Sudbury, près de l’endroit où la baie Georgienne rencontre le chenal du Nord. Elle se trouve dans les montagnes LaCloche, connues pour leurs longs parcours de randonnée et leurs vues à couper le souffle. C’était même un endroit préféré de plusieurs artistes du Groupe des Sept! Envisagez de faire l’une des randonnées les plus connues de Killarney, «The Crack», ou de faire la boucle de plusieurs nuits en canot sur les lacs O.S.A. et Killarney. Il y a de nombreuses façons de découvrir ce parc! Pendant votre séjour, gardez l’œil ouvert pour repérer des espèces rares telles que le Coulicou à bec jaune.

Parc provincial Killarney. Photo : Kate Dalgleish
4. Golden Valley, Ontario
Golden Valley est un joyau caché entre la baie Georgienne et les hautes terres d’Amalguin. Il existe de nombreuses possibilités d’explorer la nature sauvage de cette région, mais nos préférées sont les excursions de plusieurs jours en canot autour des lacs LeGrou ou Pickerel. Soyez à l’affût d’espèces intéressantes telles que le Troglodyte à bec court, une espèce rare dans la région! On le trouve dans les zones humides à hautes herbes, comme les prairies et les marais.

Troglodyte à bec court. Photo : Sean Jenniskens
5. Rivière des Français, Ontario
La rivière des Français est une autre région de canotage réputée qui a besoin d’être explorée pour l’Atlas! Le delta, là où la rivière rencontre la baie Georgienne, est un lieu populaire pour le canotage et le camping. Si vous souhaitez explorer la région en canot, envisagez une expédition au départ de la marina de Hartley Bay. Il s’agit d’une virée de deux jours et deux nuits, sans portage, le long de la rivière des Français jusqu’à l’embouchure de la rivière Wanapitae. La région regorge d’oiseaux aquatiques, tels que le Garrot à œil d’or, le Harle couronné et le Canard branchu.
Vous aimeriez vivre l’aventure en nature de l’Atlas des oiseaux nicheurs de l’Ontario? Des itinéraires détaillés vous sont proposés ici: https://www.birdsontario.org/canoetrips/ (page en anglais).
Or l’Ontario n’est pas le seul endroit où l’atlassage fait découvrir d’incroyables paysages. Terre-Neuve a beaucoup à offrir au rayon de l’ornithologie en territoire éloigné.

Garrot à œil d’or. Photo : Susi Grathwol
6. Île Fogo, Terre-Neuve
L’île Fogo est une partie incontournable de Terre-Neuve, avec ses paysages mariant forêts, landes et tourbières accessibles en voiture ou par un court trajet en traversier si vous continuez à voyager vers le nord depuis Gander. Il existe de nombreux sentiers intéressants à explorer, où vous pourrez souvent observer des oiseaux marins sur l’océan ou encore faire des randonnées plus à l’intérieur des terres et observer des oiseaux de la forêt boréale comme le Moucherolle à ventre jaune, la Mésange à tête brune et le Bruant fauve. Vous pourrez peut-être aussi apercevoir un renard noir ou argenté ou l’un des quelque 300 caribous qui arpentent cette petite île.

Caribou de Terre-Neuve. Photo : Yousif Attia.
7. Cap Shore, presqu’île Avalon, Terre-Neuve
Beaucoup de gens pourraient penser que la presqu’île Avalon est envahie par les atlasseurs, mais une fois que vous vous éloignez de St. John’s, il y a beaucoup de territoires inexplorés. Le cap Shore constitue la partie sud-ouest de la presqu’île, à seulement 2,5 heures de route de St. John’s. La route principale traverse de vastes étendues forestières, où vous pourrez entendre la discrète Grive à joues grises, ainsi que d’immenses étendues de landes océaniques, ce qui en fait un endroit idéal pour quitter la route principale et partir à la recherche d’espèces telles que l’Alouette hausse-col, le Pipit d’Amérique et le Hibou des marais. Terminez votre aventure atlantique sur le cap Shore en visitant la réserve écologique du cap St. Mary’s, qui accueille l’une des plus grandes colonies d’oiseaux marins d’Amérique du Nord.
Vous y verrez (et sentirez!) des dizaines de milliers de Fous de Bassan, de Mouettes tridactyles, de Guillemots marmettes, et bien d’autres espèces encore, avec en prime la possibilité de vous tenir à quelques mètres seulement des colonies en toute sécurité!

Fou de Bassan. Photo : Nick Schwinghamer
8. Traversier vers la côte sud, Terre-Neuve
Les magnifiques fjords qui longent la côte sud de Terre-Neuve sont le rêve de tout atlasseur, mais nécessitent une certaine planification pour qui veut s’y rendre! Ils ne sont pas accessibles en voiture, mais par un traversier qui s’arrête dans les pittoresques petites villes portuaires de Ramea, Grey River, François et McCallum. Ramea et François, en particulier, ont jusqu’à présent été très peu visitées par des atlasseurs, mais elles valent grandement le détour. Ces villages sont des endroits magnifiques à visiter qui offrent de grandes possibilités d’observation de la mer entre les sorties d’atlassage.
Il est facile d’observer l’avifaune en se promenant dans les rues, et des sentiers de randonnée vous mèneront jusqu’aux collines escarpées environnantes et aux landes situées au-dessus. Les plus intrépides peuvent également faire des randonnées hors des sentiers battus pour des excursions d’une journée ou emporter leur équipement pour camper dans les hautes terres, à la recherche d’espèces comme les Lagopèdes alpin et des saules, ou des Parulines masquées en quantités comme vous n’aurez jamais entendues.

Parulines masquée. Photo : Roberto Haveroth
9. Réserve faunique d’Avalon, Terre-Neuve
Vous voulez sortir des sentiers battus et découvrir les magnifiques forêts et landes de la presqu’île Avalon? Envisagez une excursion dans la réserve faunique d’Avalon, située à seulement 50 km au sud de St. John’s. Cette réserve de 1070 km2 est l’endroit idéal pour les aventuriers en quête de randonnées pédestres ou de canoë-kayak dans des contrées reculées. On y accède, moyennant un permis d’entrée gratuit, par une route accidentée non entretenue (les véhicules tout-terrain ne sont pas autorisés) ou par plusieurs pistes également non entretenues. Le principal parcours de canotage traverse la partie nord et implique un voyage de 3 à 5 jours.
La réserve faunique d’Avalon est un endroit idéal pour observer les oiseaux aquatiques, le Lagopède des saules, le Busard des marais et de nombreuses autres espèces d’oiseaux, sans oublier la harde de caribous forestiers d’Avalon! N’oubliez pas de consulter le site web (en anglais) pour plus d’informations sur l’accès.

Busard des marais. Photo : Yousif Attia
10. Saint-Pierre-et-Miquelon, Terre-Neuve
Saint-Pierre-et-Miquelon est un archipel français situé au large de la péninsule de Burin. Il constitue une des régions de l’Atlas des oiseaux nicheurs de Terre-Neuve. L’endroit offre le mélange parfait de vacances en Europe et d’aventure ornithologique. On y accède par traversier depuis Fortune, sur l’île de Terre-Neuve, ou par avion depuis St. John’s, Montréal ou Halifax. Préparez-vous! Vous quittez vraiment le pays et vous devez apporter votre passeport, passer la douane et mettre votre téléphone en mode avion pour éviter les frais d’itinérance! Une fois dans l’archipel, vous aurez l’occasion d’explorer les magnifiques paysages et d’observer des Plongeons catmarins, des Parulines des ruisseaux, des Grives à joues grises et de nombreuses autres espèces boréales tout en dégustant des pâtisseries françaises!
L’atlassage ne se limite pas à la collecte de données, il s’agit aussi d’exploration, d’aventure et de contribution à un effort de conservation essentiel. Que vous pagayiez dans l’arrière-pays isolé de l’Ontario ou que vous fassiez de la randonnée dans les paysages accidentés de Terre-Neuve, chacun de ces endroits offre une occasion unique d’observer les oiseaux en période de reproduction tout en contribuant à faire une réussite de deux des atlas des oiseaux nicheurs du Canada.
L’année 2025 est la dernière de la période de collecte de données en Ontario et à Terre-Neuve. C’est le moment ou jamais de s’impliquer. Prenez vos jumelles, préparez votre équipement et partez à la découverte de ces paysages incroyables. Vos observations contribueront à façonner l’avenir de la conservation aviaire pour les années à venir.

Plongeons catmarins. Photo : Charles Francis
Comment participer
Si vous voulez contribuer à l’un des deux atlas, inscrivez-vous sur la plateforme NatureCounts.
→ Page de l’atlas de l’Ontario
→ Page de l’atlas de Terre-Neuve
Une fois votre inscription faire, communiquez avec la personne responsable de la région qui vous intéresse pour savoir comment vous pouvez contribuer de la meilleure façon.